Dans ce livre, résultat de sa thèse doctorale, Marta Hernández Alonso aborde et problématise la pensée du philosophe Jacques Derrida à travers la notion de khôra, récurrente tout au long de son œuvre, depuis ses premiers textes jusqu’à ses dernières publications. Elle montre qu’à la différence d’autres notions que Derrida revalorise à un moment de son œuvre et sur lesquelles il ne revient pas ensuite, ou alors très peu, le travail sans cesse renouvelé qu’il consacre à ce terme mentionné par Platon en Timée 52 a-b, reflète au plus près sa trajectoire de pensée et l’inquiétude qui mobilise celle-ci au fil des années : une pensée qui se confronte en permanence à ses propres limites, telle « l’épreuve de Khôra» que Derrida formule dans Sauf le nom, puis reprend dans Foi et Savoir.
Outre l’ensemble de l’œuvre publiée de Derrida, ce travail s’appuie également sur des séminaires inédits, notamment le séminaire « Nationalité et nationalisme philosophique », dont le texte « Chôra » de 1987 (republié ensuite comme Khôra en 1993) est issu. L’auteure souligne aussi le fait que Derrida déplace la notion de khôra depuis le texte de Platon, non seulement dans des essais philosophiques destinés à être publiés, mais aussi dans des discussions plus informelles concernant l’actualité et les préoccupations du moment, dans lesquelles il propose la khôra comme un ressort pour élaborer une autre pensée de l’universel que celle transmise par la tradition métaphysique. Dans cette perspective, la khôra apparaît comme le lieu d’un attachement à l’altérité qui serait, à la fois, différent pour chacun et condition du lien entre les êtres vivants dans leur singularité ; Derrida définissant ce lieu comme un « espace mutuel vide » dans lequel l’invention serait toujours possible.
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